Publisher's Synopsis
Les États du Bassin du Lac Tchad: Cameroun, Niger, Nigeria et Tchad sont confrontés à un conflit multidimensionnel dont les causes sont à la fois structurelles (pauvreté, dégradation de l'environnement, rétrécissement du lac, croissance de la population), conjoncturelles ( faiblesse de l'administration, porosité des frontières incontrôlées, violation des droits de l'Homme, recrudescence des conflits inter et intracommunautaires, développement du terrorisme en raison de l'éclatement et de la déstabilisation de la Libye.....).
Ce conflit multidimensionnel a permis aux groupes extrémistes violents de s'approprier de ce terrain fertile pour s'y installer depuis 2009 en défiant les forces de défense et de sécurité appartenant aux quatre pays soutenus par la communauté internationale. Ce défi est l'un des phénomènes qui a mobilisé autant de ressources financières, matérielles et humaines pour son éradication aussi bien dans le bassin du Lac Tchad que dans l'espace du G5 Sahel. Plusieurs stratégies parmi lesquelles la sensibilisation et les interventions militaires ont été utilisées par des États et des ONG[1] pour contrer ce phénomène. Mais force est de constater que toutes ces actions n'ont pas contribué à stopper de façon définitive les enrôlements massifs de jeunes, même si nous observons ces derniers temps des redditions mais aussi des retours spontanés et volontaires des personnes associées à Boko Haram. L'échec de l'extraction du terrorisme est dû en grande partie à l'absence d'une stratégie de prévention claire et efficace. À titre d'exemple, le développement fait l'objet d'une négligence malgré qu'on en parle beaucoup, et la plus grande partie de financement est consacrée à l'option militaire qui, malgré son importance, n'a jamais réussi, à elle seule, à éradiquer l'extrémisme violent. Et même s'il est difficile d'obtenir toutes les données de dépenses militaires de la communauté internationale et précisément celles de la France, compte tenu qu'elles sont hautement sécuritaires, les dépenses liées à l'entretien et au maintien du dispositif militaire dans la bande saharo-sahélienne est aujourd'hui de l'ordre de 360 000 000 euros par an (236 milliards de FCFA) si on en croit les déclarations des autorités françaises. Selon un décompte réalisé, entre 2012 et 2018, les dépenses dans les pays du G5 Sahel ont plus que doublé, passant de 580 M à 1,35 Md [2] dont près de 60 % de dépenses militaires, auxquelles est principalement due cette hausse. À cela s'ajoute des crédits spécifiques de 200 M par an, gérés par l'agence française du développement (AFD)[3]. Il a été malheureusement constaté que la montée de l'engagement militaire dans la région ne s'est pas accompagnée d'une accentuation notable de l'effort d'aide publique au développement.