Publisher's Synopsis
" Si fort que l'on puisse regretter l'existence tranquille et calme d'avant février ou la vie brillante et grandiose des époques plus anciennes, la physionomie de la société d'aujourd'hui n'est pourtant pas tout-à-fait dénuée d'attrait philosophique. Je suis obligé de le reconnaître au milieu de ses agitations orageuses propres à remuer les consciences, à révéler à eux-mêmes les hommes qui s'ignorent et à mettre en lumière les talents qui se connaissent, cette société soi-disant renouvelée n'a su produire encore que quelques ambitions sans essor dans le tumulte d'une multitude d'ambitions ou vulgaires ou grotesques, calquées sur les passions d'un autre âge et dépourvues même du mérite de l'originalité. L'histoire a plus d'une fois signalé comment des intelligences d'élite destinées à un rôle se sentaient portées vers la lecture de Plutarque et y puisaient sans effort des inspirations faites exprès pour leur forte nature. Nos contemporains ont lu avec le même culte la vie des hommes illustres de notre époque révolutionnaire: ils ont voulu, eux aussi, puiser à ces sources vives de la démocratie, et se nourrir de cet esprit substantiel d'où sont issues nos lois modernes; mais ces inspirations, apparemment, étaient trop nourrissantes pour leurs poitrines: ils sont revenus de cette étude comme enivrés, chancelants, réduits à l'état d'impuissance, incapables de rien tirer d'eux- mêmes, et préoccupés seulement d'imitations serviles. C'est donc en vain que, dans le bouleversement des conditions sociales, ils ont été tirés de l'obscurité le flot qui les avait élevés jusqu'à la hauteur du pouvoir les a rejetés, meurtris pour la plupart, sur les écueils du rivage..."